Tribune : Appuyons rapidement sur l’accélérateur du moteur franco-allemand

8 juin 2018 – Réponse des parlementaires français à l’interview sur l’Europe d’Angela Merkel dans le Frankfurter Allgmeine Zeitung.

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, le leadership européen de la France est acté. Le volontarisme du président dans l’Union est à la mesure de la campagne europhile qu’il a menée contre toute attente en 2017.

Deux ans après le Brexit et dans un contexte où de nombreux pays cèdent aux sirènes eurosceptiques, en Autriche, en Pologne, plus récemment en Italie ou en Slovaquie, nous attendions la réponse de l’Allemagne aux appels français.

Plusieurs mois après les élections fédérales et la constitution de sa grande coalition avec les socio-démocrates, Mme Merkel vient de répondre, par l’intermédiaire d’une interview au Frankfurter Allgemeine Zeitung, aux propositions mises sur la table par la France.

La position de Mme Merkel indique clairement que le moteur franco-allemand va redémarrer. Au vu de ce qui la façon dont le G7 se tend en réaction aux sanctions commerciales américaines, nous ne pouvons que nous en réjouir. Nous devons même inviter Emmanuel Macron et Angela Merkel à commencer le plus rapidement possible à promouvoir un agenda commun aussi ambitieux.

Vers une Force européenne d’intervention militaire

 

En décembre 2017, le Conseil européen s’est accordé sur la mise en place d’une coopération structurée permanente en matière de défense. 25 Etats membres ont convenu d’augmenter ensemble leurs investissements de défense, de partager leur doctrine, de renforcer leur interopérabilité et de mettre en place des programmes communs d’armement via l’Agence européenne de Défense.

Aujourd’hui, la France comme l’Allemagne souhaitent aller plus loin par la création d’une force européenne d’intervention militaire. Alors que les menaces intérieures et extérieures ne cessent de se raffermir dans un contexte stratégique inquiétant, ce volontarisme européen est le bienvenu.

Les Européens doivent apprendre à défendre leur souveraineté sans dépendre des Etats-Unis.

Vers un Fonds monétaire européen

 

Après l’établissement du Mécanisme européen de Stabilité en 2012, la zone Euro s’est donnée les premiers moyens de gérer une crise de surendettement d’un Etat membre.

Mais là-aussi, le volontarisme franco-allemand sera décisif. Nous avons besoin d’un Fonds monétaire européen (FME) capable de prêter à long terme comme à court terme à un Etat membre pour faire face à une crise de solvabilité comme à une crise de liquidité.

Nous avons besoin d’un FME indépendant du FMI, c’est-à-dire libéré du veto potentiel des Etats-Unis sur tout programme de sauvetage…

En matière économique et financière comme en matière de défense, notre autonomie stratégique est essentielle. La réponse d’Angela Merkel aux propositions d’Emmanuel Macron est donc très intéressante.

D’autres éléments de réponse feront débat : la Chancelière allemande accepte l’idée d’un budget d’investissement de 10 milliards d’euros pour l’Union alors que le président français souhaitait une relance budgétaire à hauteur de plusieurs points de PIB. Nous souhaitons que ces débats progressent à l’approche des élections récentes alors que l’aspiration des peuples à une véritable relance budgétaire s’est exprimée à travers toute l’Union.

En attendant ce débat, nous nous réjouissons déjà de voir la relance franco-allemande sur le point de démarrer. Pourvu qu’elle commence très rapidement pour montrer aux Européens tous les bénéfices de l’Union d’ici les élections européennes.

Par Christophe AREND, Député, Président du groupe d’amitié parlementaire France-Allemagne et Jean-Michel JACQUES, Député, Vice-président de la commission de la défense et des forces armées.

Défense et forces armées
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