Tribune : « Au-delà des gouvernements, les responsables se cachent dans les ARS »

Tribune publiée dans le Télégramme le 13/01/21.

 

Masques, prélèvements, vaccins : au-delà des gouvernements, les responsables se cachent dans les ARS ! Depuis le 27 décembre dernier – date de naissance de Louis Pasteur – la vaccination contre la Covid-19 a démarré simultanément dans les 27 Etats membres de l’Union européenne. En France, l’objectif est de vacciner 15 millions de Français d’ici l’été. 

Pour ce faire, ce sont les directeurs généraux des Agences Régionales de Santé (ARS) qui sont censés en être les maîtres d’œuvres. Pourtant, bien que ce soit l’échelon régional –  le plus pertinent et le plus adapté aux réalités du territoire –  qui a été choisi pour la mise en œuvre de cette stratégie, il n’en est rien ! Engluées dans leur dogme, les ARS d’une façon générale, et particulièrement en Bretagne, ont dévoilé au grand jour leurs difficultés à faire face de façon satisfaisante à la crise sanitaire liée à la Covid-19 et ce dès le début. Comme nous avons pu très vite le constater lors de la première vague, les préfectures et même parfois l’armée ont dû pallier à leur manque d’agilité et de connaissance du terrain.

Coup du hasard ou non, ce sont ces mêmes préfets, de département et de région, qui ont été désignés co-garants du déploiement de la stratégie vaccinale pour pallier aux lacunes des ARS. En devenant co-responsables de cette mise en œuvre, ces préfets se retrouvent sans les moyens d’assurer leur mission : vaccins, réfrigérateurs « grand froid » pour conserver les vaccins Pfizer, cartographies des personnels de santé, informations sanitaires…  

Il y a dix ans, la création des ARS répondait à une volonté de décentralisation de la politique de santé. Force est de constater à présent que l’organisation structurelle de cet établissement public ne répond pas aux attentes ni aux besoins concrets des territoires. En effet, nous constatons aujourd’hui une centralisation exacerbée de cette mise en œuvre, une organisation opaque et qui manque d’anticipation. Les délégués départementaux des ARS ne prennent aucune décision réelle de peur d’être en faute. Ils font alors figure de simple boîte aux lettres et nourrissent ainsi un sentiment d’abandon et de non prise en considération des réalités de terrain exprimées par les élus, les habitants et les acteurs du territoire, soit ceux qui en connaissent parfaitement les attentes et les difficultés rencontrées au quotidien. L’initiative locale riche, volontaire et engagée, se heurte bien trop souvent à une administration cloisonnée et hospitalo-centrée, répondant à des directives générales qui ne prennent pas en compte les disparités et spécificités de nos territoires. Des expérimentations non abouties et un manque de coordination et de suivi des mesures mises en place sont le parfait exemple d’une prise de décision descendante, où les objectifs chiffrés priment sur l’intérêt général.

Voilà bientôt un an que le contexte sanitaire influence fortement nos modes de vie et perturbe nos habitudes. L’ARS a pour rôle de faire appliquer les décisions politiques nationales dans son champ de compétences et pour son territoire d’actions. De toute évidence, une fois la crise de la Covid-19 passée, les ARS devront être réformées et leur pilotage à l’échelon central nécessitera sans doute d’être revisité si nous souhaitons renforcer la capacité de notre pays à résister aux prochaines crises sanitaires qui s’annoncent. Aucun gouvernement, quel qu’il soit, ne pourra répondre correctement aux attentes légitimes de nos concitoyens si aucune leçon n’est retenue ! 

Jean-Michel JACQUES

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